“States of Elevation : le défi de Kilian Jornet qui relie les “14ers” aux États-Unis”

Nolwenn
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17 min de lecture
Sommaire
Le défi de Kilian Jornet “States of Elevation”, qu’est-ce que c’est ?
🇺🇸 “States of Elevation” : le principe
🏔️ Qu’est-ce qu’un “14er” (fourteener) ?
👀 Les chiffres fous du défi de Kilian Jornet
L’itinéraire de Kilian Jornet : les États-Unis sous toutes leurs formes
🟢 Le départ : du Longs Peak à la Californie
🧗♂️ La Californie : du Norman’s 13 au Mount Shasta
🙌 Le Mont Rainier : épreuve finale d’un défi unique
States of Elevation : le défi physique, mental et logistique de Kilian Jornet
⛈️ Altitude, météo, terrain : face à l’impitoyable nature
💤 Sommeil, récupération, nutrition
👟 Équipement et minimalisme
La dimension symbolique du défi de Kilian Jornet
🌳 Un engagement environnemental fort
🙏 La force de la communauté
💪 Ce que le défi de Kilian Jornet dit sur les limites humaines

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Si tu gravites autour de la planète trail, tu as forcément entendu parler du dernier défi de Kilian Jornet. En effet, plus qu’un coureur, qu’un alpiniste ou qu’un ultra-traileur, le Catalan est avant tout un homme d'aventures. Derrière des performances hors normes et un palmarès cinq étoiles se cache une volonté irrésistible de découvrir le monde en testant les limites de la résistance humaine.
Avec son défi "States of Elevation", celui que l’on surnomme l’ultra-terrestre a une nouvelle fois marqué l’histoire des sports d’endurance en reliant, à la seule force humaine, les 72 sommets de plus de 14 000 pieds (4 267 mètres), surnommés les “14ers” (fourteeners) situés dans les 48 états continentaux américains.
Le défi de Kilian Jornet “States of Elevation”, qu’est-ce que c’est ?
Pour comprendre la portée de l’exploit réalisé par Kilian, il faut d’abord saisir l’enjeu du challenge.
🇺🇸 “States of Elevation” : le principe
Quiconque suit les pérégrinations de Kilian Jornet sait qu’il ne se contente pas d’accrocher des dossards d’ultra-trails. En 2023, le Catalan avait effectué une traversée des Pyrénées avant de s’attaquer aux 82 sommets alpins dans le cadre de son projet “Alpine Connection”.
Cette fois, il a traversé l’Atlantique avec un nouveau défi en tête : “States of Elevation”. Le but ? Gravir les 72 fourteeners dans les 48 États continentaux américains, en utilisant uniquement la force humaine (son propre corps et un vélo).
🏔️ Qu’est-ce qu’un “14er” (fourteener) ?
Aux États-Unis, les “14ers” (fourteeners) désignent les sommets dépassant les 14 000 pieds d’altitude. Ils sont 72 (hors propriétés privées), principalement répartis dans le Colorado, la Californie et Washington. Leur ascension est devenue une sorte de rite de passage pour les alpinistes américains et ils sont emprunts d’une dimension culturelle très forte depuis le XIXème siècle.
Si certains défis d’alpinisme sont d’ores et déjà existants dans ces montagnes, comme le Norman’s 13 ou le Nolan’s 14, personne n’avait jusqu’ici tenté de relier l’intégralité des sommets en une seule expédition, selon un tracé continu ne nécessitant aucun déplacement motorisé. Vous en aviez rêvé ? Kilian Jornet l’a fait !
👀 Les chiffres fous du défi de Kilian Jornet
Lorsque l’on regarde les statistiques du projet “States of Elevation”, impossible de ne pas écarquiller les yeux.
72 “14ers” gravis
31 jours d’aventure
6 États traversés (Colorado, Nouveau-Mexique, Arizona, Californie, Oregon, Washington)
5 145 kilomètres parcourus (à pied et à vélo)
123 045 mètres de dénivelé positif cumulés

L’itinéraire de Kilian Jornet : les États-Unis sous toutes leurs formes
Du Colorado à l'État de Washington, le défi de Kilian Jornet l’a conduit à arpenter les États-Unis et leur variété unique de paysages et de climats.
🟢 Le départ : du Longs Peak à la Californie
C’est au Longs Peak, sommet mythique du parc national des Rocheuses dans le Colorado, que Kilian Jornet a sonné le départ de son périple le 31 août 2025. 16 jours pour relier 56 14ers dans cet État qui en compte la plus forte concentration.
Entre course à un rythme soutenu, escalade ponctuelle et ralliement des différents points de départ à vélo, le défi commençait fort. D’autant que la météo, connue pour être capricieuse dans cette région, ne l’a pas épargné : orages et chutes de neige ont rythmé ses journées d’environ 16 heures d’effort en moyenne.
1 826 kilomètres et 73 385 mètres de dénivelé positif plus tard, l’ultra-terrestre quittait le Colorado direction la Sierra Nevada, en Californie. 5 jours de vélo, une traversée du Nouveau-Mexique et de l’Arizona pour un total de 1 412 kilomètres et 9 700 mètres de dénivelé positif.
Ce périple, baptisé “Desert Ride”, fut l’occasion d’affronter la chaleur harassante à laquelle succédait parfois un vent violent ou des pluies torrentielles. Kilian n’est assisté d’aucun véhicule. Il transporte l’intégralité de son matériel, de son alimentation et de son hydratation tout au long de l’aventure, y compris sur ces sections de transition. Tout repose sur l’autonomie et une capacité d’adaptation et de résistance exceptionnelle.
🧗♂️ La Californie : du Norman’s 13 au Mount Shasta
Bien que le Colorado fut le plus gros morceau du défi de Kilian Jornet, la Californie lui a réservé bien des surprises, à commencer par le redoutable Norman’s 13, réputé pour sa technicité. 13 sommets, 160 kilomètres, 12 000 mètres de dénivelé positif en évoluant dans un environnement nécessitant une vigilance et un engagement constants. Dans ces conditions, difficile de récupérer et de profiter d’un sommeil réparateur, surtout quand la météo s'en mêle, ne laissant aucun répit au Catalan et mettant son corps et son mental à rude épreuve.
Une fois venu à bout de cette épreuve avec un temps record de 56 heures et 11 minutes (à croire qu’il ne voulait pas s’éterniser), direction le White Mountain Peak et ses 4 344 mètres. Ce sommet, le 70ème de la traversée pour Kilian, se situe dans les Inyo Mountains et présente un paysage très minéral, désertique même.
Ensuite, direction le Mount Shasta, célèbre volcan connu pour son environnement à l’humeur… changeante. Mais avant cela, Kilian Jornet a dû retrouver la selle de son vélo pour 626 kilomètres, parcourus en quelques jours seulement. Une fois au pied de son 71ème fourteener, il commence une ascension qui va l’amener à repousser toujours plus ses limites. Neige, vent d’une extrême violence, températures indécemment basses… rien ne lui sera épargné alors qu’il est déjà épuisé par des semaines d’aventure intenses.
Cette épreuve signe la fin de son passage en Californie. Kilian reprend alors la route pour 800 kilomètres à travers l’Oregon jusqu’à son ultime ascension à Washington.
🙌 Le Mont Rainier : épreuve finale d’un défi unique
Volcan actif particulièrement impressionnant, le Mont Rainier ne se laisse pas apprivoiser facilement. Avec plus de 5 000 kilomètres dans les jambes, Kilian n’arrive pas en terrain conquit pour son ultime ascension.
Il doit composer avec un environnement glaciaire très technique qui ne laisse aucune place à l’erreur. Épuisé, le champion parvient tout de même à atteindre le sommet, achevant une traversée inédite qui a duré 31 jours.
31 jours au rythme “d’un Tour de France et un ultra-trail chaque jour”. 31 jours pour entrer une nouvelle fois dans l’Histoire.
States of Elevation : le défi physique, mental et logistique de Kilian Jornet
Avec son défi, Kilian Jornet repousse une nouvelle fois les limites de l’endurance. Un accomplissement qui n’est possible qu’avec une stratégie millimétrée et une conscience aiguë des difficultés.
⛈️ Altitude, météo, terrain : face à l’impitoyable nature
Par définition, les “14ers” gravitent à plus de 4 000 mètres d’altitude. À cette hauteur, l’oxygène se raréfie. Malgré les prédispositions de Kilian Jornet et une acclimatation totale à l’altitude, ce paramètre pèse lourd dans la balance lorsqu’il se répète 72 fois en si peu de temps. La fatigue entre alors en jeu, rendant chaque pas plus lourd que le précédent.
Mais l’altitude s’accompagne bien souvent d’un autre paramètre tout aussi redoutable : la météo. Pluie, vent, orages, chaleur intense… rien n’aurait été épargné au Catalan au fil des kilomètres. Complexifiant considérablement l’effort, les conditions météorologiques jouent aussi un rôle dans la gestion de la fatigue et de l’équipement. Ne pas en tenir compte, c’est s’exposer à un épuisement prématuré qui ne pardonne pas sur un défi d’une telle ampleur.
💤 Sommeil, récupération, nutrition
Récupération et nutrition sont des piliers de la performance en course à pied et plus largement dans les sports d’endurance. Durant son défi “States of Elevation”, Kilian Jornet a dû faire preuve d’une adaptabilité sans borne pour s’assurer un minimum de sommeil et une nutrition suffisante pour affronter les ascensions et les longues traversées à vélo.
Dans les faits, il dormait en moyenne 5 heures par nuit, à même le sol ou dans un van à l’arrêt qui le suivait. Un exploit dans l’exploit, signe d’une capacité de résistance extraordinaire.
👟 Équipement et minimalisme
Dans le cadre de son défi, Kilian Jornet emporte un matériel ultraléger. Il est bien évidemment équipé par sa propre marque NNormal avec notamment des prototypes de chaussures. L’occasion de mettre en lumière ses produits et leur indéniable qualité.
Sur son dos : un sac d’alpinisme minimaliste contenant le minimum vital pour lui permettre de courir avec un très peu de poids supplémentaire. Même pour son vélo, il opte pour de petites sacoches légères aisément transportables.
⚠️ À noter toutefois que malgré de longues portions en totale autonomie, un van était régulièrement présent pour l’aider à se reposer et le recharger en vivres et en éventuel matériel.

La dimension symbolique du défi de Kilian Jornet
🌳 Un engagement environnemental fort
Le projet “States of Elevation” s’inscrit dans la continuité des actions de la Kilian Jornet Foundation, qui soutient la préservation des écosystèmes de montagne. Il vise ainsi à sensibiliser sur la fragilité des environnements d’altitude, menacés par le changement climatique.
C’est fort de cet engagement que le Catalan a souhaité relier l’ensemble des “14ers” à la force humaine, sans avoir recours à la motorisation dans le cadre de son effort.
🙏 La force de la communauté
À son arrivée, les mots de Kilian sont sans équivoque :
“Je suis heureux d’avoir réussi. Au départ, ce n’était qu’une idée sur une carte, sans être sûr que ce soit possible. Maintenant je le sais. Au-delà des chiffres, c’est surtout une aventure humaine et une manière de découvrir des lieux qui me sont devenus chers.”
Kilian Jornet
Il faut dire qu’il a pu bénéficier d’un soutien exceptionnel et sans faille durant son périple. Olivia Amber, Rod Farvard ou encore Kimberly Strom étaient à ses côtés durant sa traversée du terrible Norman’s 13, assurant un soutien moral mais aussi une meilleure sécurité sur les portions les plus dangereuses.
Sur la dernière portion de vélo, il a partagé un peu moins de 100 kilomètres avec le célèbre triathlète Ian Murray, passionné par son défi. Mais au-delà de ces figures “stars”, ce sont des dizaines et des dizaines de fans qui l’ont soutenu au fil des jours. Sans parler de l’engouement médiatique et des encouragements sur les réseaux sociaux !
💪 Ce que le défi de Kilian Jornet dit sur les limites humaines
Le fil conducteur de Kilian reste la sobriété volontaire : un retour à la simplicité, à la nature, au corps. Ainsi, “States of Elevation” n’est pas seulement une prouesse physique ; c’est une réflexion sur la liberté. Repousser ses frontières sans compétition, simplement pour explorer. Une manière, aussi belle que brutale, de rappeler que la montagne reste un terrain d’expérimentation de soi.
On ne sait pas encore quel sera le prochain défi de Kilian Jornet mais pour l’heure, il est encore temps de savourer la conclusion de “States of Elevation”. Une ode à l’altitude, au courage et à la montagne. Une chose est sûre : l’ultra-terrestre n’a pas fini de repousser les limites.

Nolwenn
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