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1ère femme sur marathon : l'histoire d'une conquête

Nolwenn

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12 min de lecture

Sommaire

Quand les femmes avaient l’interdiction de courir un marathon 

👊 Course de fond et athlètes féminines : une bataille de longue haleine

🤔 Pourquoi les femmes n’avaient-elles pas le droit de courir le marathon ? 

Qui a été la 1ère femme à courir un marathon ? 

👑 La pionnière Bobbi Gibb : courir le marathon de Boston dans l’ombre

🏃‍♀️ Kathrine Switzer : première femme de l’histoire à courir un marathon avec un dossard 

Qui est la 1ère femme à avoir remporté le marathon olympique ?

🥇 Joan Benoit : la femme qui est entrée dans la légende du marathon olympique

🚀 Et la postérité ? Que reste-t-il de la 1ère femme à courir un marathon ? 

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La légende fait remonter le premier marathon à l’Antiquité. Mais il faut attendre plus d’un millénaire pour entendre parler de la 1ère femme à courir la distance reine. Longtemps réservées exclusivement aux hommes, les épreuves d’endurance ont ensuite cristallisé de nombreux débats.

En cause ? L’ouverture des compétitions aux athlètes féminines. 

Pourtant, quand l’Histoire est en marche, elle devient inexorable. Imagine alors, quand elle décide de courir. On revient sur l’arrivée des femmes dans le monde merveilleux du marathon

Quand les femmes avaient l’interdiction de courir un marathon 

Et si on te disait qu’il n’y a pas si longtemps, on était persuadé qu’une femme ne pouvait pas courir plus de 800 mètres ? Qu’au-delà d’une telle distance, elle s’exposait à de graves séquelles ? 

👊 Course de fond et athlètes féminines : une bataille de longue haleine

Pour faire un rapide résumé de la situation des femmes dans le milieu de la course à pied, on peut citer les Jeux Olympiques d’Amsterdam de 1928. Pour la première fois, le 800 mètres est ouvert aux femmes. Une grande avancée, pense-t-on !

Mais l’enthousiasme est de courte durée. Devant la souffrance des athlètes féminines derrière la ligne d’arrivée, les observateur(ice)s horrifié(e)s montent au créneau pour leur interdire la discipline. Les femmes seraient physiquement incapables d’encaisser de tels efforts

“Le 800 mètres est une épreuve trop éprouvante pour les femmes.”

New York Times

Bien sûr, c’est oublier que les athlètes masculins s’effondrent tout autant sur la ligne d’arrivée du 800 mètres. Tout est une question de perspective. Mais les femmes sont rayées des épreuves de plus de 200 mètres jusqu’en 1960, année où elles renouent avec le 800 mètres. Les choses s’accélèrent ensuite : elles sont autorisées à courir le 1 500 mètres en 1972 lors des JO de Munich, puis le célèbre marathon en 1984 aux JO de Los Angeles

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🤔 Pourquoi les femmes n’avaient-elles pas le droit de courir le marathon ? 

Les raisons invoquées pour interdire la participation des femmes aux épreuves d’endurance étaient principalement de deux ordres : moral et physiologique

Concernant l’aspect moral, on considérait que la souffrance des femmes ne devait pas être rendue publique. Là où l’effort physique masculin est valorisé, celui des femmes doit rester discret au risque de les faire paraître laides et peu féminines. C’est ainsi que l’image de ces athlètes au bout de l’effort après l’épreuve de 800 mètres à Amsterdam a provoqué une véritable levée de boucliers. 

Ensuite, des “scientifiques” ont invoqué des raisons d’ordre physiologiques toutes plus farfelues les unes que les autres. La course à pied de fond provoquerait l’apparition d’une pilosité importante, fragiliserait le corps de la femme et impacterait sa fertilité. On évoquait même un risque de prolapsus utérin, autrement dit de descente de l’utérus. Toutes ces théories sont issues d’interprétations partielles d’études, mais aussi souvent de l’argument d’autorité médicale qui place les médecins au cœur du savoir sans autre justification que leur statut. 

Fort heureusement, des athlètes vont réussir à faire bouger les lignes. C’est leurs noms qui sont désormais gravés dans l’Histoire de la course à pied. 

Qui a été la 1ère femme à courir un marathon ? 

La révolte a longtemps grondé, mais la mise en lumière des femmes sur marathon a été relativement rapide grâce à la volonté de deux femmes : Roberta Gibb et Kathrine Switzer

👑 La pionnière Bobbi Gibb : courir le marathon de Boston dans l’ombre

Roberta Gibb, Bobbi Gibb pour les intimes, est une véritable pionnière. Passionnée par la course à pied, et particulièrement par les longues distances, elle caresse vite le rêve de courir un marathon. En 1966, après deux ans d’une rigoureuse préparation, elle contacte l’organisation du mythique Marathon de Boston pour tenter de s’inscrire. 

Elle reçoit une lettre de la part du directeur de la course qui lui rappelle qu’une femme n’est physiologiquement pas capable de terminer un marathon et que la distance lui est donc interdite. Tout aurait pu s’arrêter là, mais Bobbi Gibb est pugnace.

Elle décide de prendre part à la course sans dossard. Elle se cache dans un buisson dont elle jaillit une fois les premiers pelotons passés devant elle. À l’arrivée, elle signe un chrono de 3 heures 21 minutes et 40 secondes, ce qui la place dans le premier tiers des finishers

Les journaux s’emparent du phénomène, on peut lire des titres tels que : 

“Roberta Gets Official Support: Females May Run Marathon” — (​​Roberta obtient un soutien officiel : les femmes peuvent courir le marathon). 

L’engouement du public est réel mais Bobbi Gibb a, rappelons-le, couru sans dossard. Sa performance reste officieuse, limitant la portée de l’exploit.

Pourtant, l’année 1967 voit se profiler une nouvelle édition sans que rien n’ait changé. Peut-être qu’une ultime provocation serait nécessaire ? C’est là qu’intervient Kathrine Switzer

1ère femme marathon

🏃‍♀️ Kathrine Switzer : première femme de l’histoire à courir un marathon avec un dossard 

Kathrine Switzer reste, aux yeux du monde, la première femme à avoir officiellement couru un marathon. Nous sommes le 19 avril 1967 et la jeune femme est parvenue à convaincre son entraineur de l’accompagner dans cet incroyable défi. Pour cela, elle a dû courir un marathon afin de lui prouver qu’elle en était capable (rien que ça). 

Pour ne pas se heurter au même refus que Bobbi Gibb, Kathrine opte pour une technique simple : utiliser uniquement ses initiales pour s’inscrire et espérer prendre le départ. Impossible donc, de savoir qu’elle est une femme. D’ailleurs, les femmes ne sont pas officiellement interdites sur le Marathon de Boston ! Leur participation paraît tellement invraisemblable que les organisateur(ice)s n’ont pas pris la peine de les exclure expressément.

C’est donc en sweat-shirt large et casquette vissée sur la tête que Kathrine Switzer se présente au départ de son premier marathon. Elle porte le dossard 261. Sa présence est saluée par les athlètes masculins et elle n’essuie aucune remarque désobligeante durant la première partie de sa course.

Toutefois, le directeur du Marathon de Boston, Jock Semple, aperçoit la jeune femme suivie par l’oeil amusé de quelques caméras. Déjà piqué au vif par la participation de Bobbi Gibb l’année précédente, il compte bien empêcher l’intruse de terminer sa course. 

N’écoutant que sa colère, il s’élance sur le parcours et attrape le pull de Kathrine Switzer pour lui arracher son dossard en lui vociférant de sortir de sa course. Ce n’est que l’intervention de Tom Miller — petit ami de Kathrine qui l’accompagnait sur la course — qui permet à la jeune femme de continuer sa course malgré la violence de l’altercation.

Cette scène est immortalisée par un célèbre cliché qui a depuis fait le tour du monde. On y voit Tom Miller pousser violemment Jock Semple, lui-même accroché au pull d’une Kathrine Switzer terrifiée, mais toujours en course. 

L’athlète féminine parvient à franchir la ligne d’arrivée au terme d’une course éprouvante physiquement et mentalement. En effet, à la pression classique ressentie par n’importe quel(le) marathonien(ne), elle a le sentiment de porter l’avenir des femmes sur ses épaules. 

“J’ai tout de suite eu la pensée que si je ne terminais pas la course, tout le monde dirait que les femmes ne sont pas capables de courir un marathon. Il fallait que je termine la course.”

Kathrine Switzer

Disqualifiée par la suite et suspendue par l’AAU (Amateur Athletics Autority), Kathrine Switzer continuera à militer pour que les femmes soient autorisées à courir. Elle jouera d’ailleurs un rôle dans l’ouverture du Marathon de Boston aux athlètes féminines en 1972, un an après la première édition du Marathon de New York qui avait fait de même. 

Cerise sur le gâteau ? Elle sera au micro pour commenter la première participation des femmes au marathon des Jeux Olympiques. C’était en 1984 à Los Angeles

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Qui est la 1ère femme à avoir remporté le marathon olympique ?

Peu à peu, les organisateur(ice)s de course ouvrent le marathon aux femmes. Mais la véritable consécration arrive en 1984. Cette année-là, les femmes courent le marathon aux JO de Los Angeles

🥇 Joan Benoit : la femme qui est entrée dans la légende du marathon olympique

Joan Benoit n’est pas une inconnue. En 1979 déjà, elle remporte le Marathon de Boston. Elle réitère en 1983 et apparaît alors comme une redoutable concurrente pour l’événement qui doit se tenir un an plus tard : les JO de Los Angeles

Le jour J, il fait extrêmement chaud et l’air est étouffant. Joan Benoit prend rapidement les commandes de la course. Ses adversaires la laissent partir en espérant la voir craquer avant la ligne d’arrivée, mais la championne tient la cadence.

Elle passe la ligne d’arrivée en première position, à 1 minute et 24 secondes de la championne du monde en titre cette année-là : la Norvégienne Grete Waitz. Ce faisant, elle devient la première femme championne olympique de marathon

Mais ce qui marque les esprits, au-delà de la victoire de Joan Benoit, c’est l’arrivée de la Suissesse Gabriela Andersen-Scheiss. Au terme d’une course extrêmement éprouvante, cette dernière réalise un dernier tour de piste dans un état d’épuisement maximum. Sa démarche tordue, sa lenteur et ses traits tirés par la douleur suscitent l’émoi des spectateur(ice)s.

L’athlète souffre d’épuisement et de déshydratation. Elle sera très vite remise sur pied mais Kathrine Switzer, commentatrice de l’événement, craint que cette scène ne soit instrumentalisée pour exclure à nouveau les femmes des compétitions d’endurance. Bien heureusement, il n’en fut rien. 

🚀 Et la postérité ? Que reste-t-il de la 1ère femme à courir un marathon ? 

L’engouement des femmes pour le marathon n’a depuis cessé de grandir. Les records tombent les uns après les autres et les grandes courses n’ont jamais été aussi prises d’assaut par les athlètes féminines. En 2025 par exemple, 43,2 % des personnes sur la ligne de départ du Marathon de Boston étaient des femmes

De récentes études ont d’ailleurs mis en avant les prédispositions naturelles des femmes pour l’endurance. Nous sommes donc bien loin des croyances initiales qui prévoyaient le pire pour celles qui oseraient dépasser 1 500 mètres de course à pied. 

1ère femme marathon

Finalement, quelques décennies auront suffit à imposer les femmes sur le devant de la scène du marathon international. Pourtant, rien n’a été facile. C’est la volonté et le courage des pionnières qui a permis de rendre la distance reine accessible à toutes. Quel meilleur moyen de leur rendre hommage que de préparer ton prochain marathon

Nolwenn

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