Marathonien(ne)s kényan(e)s et éthiopien(ne)s : pourquoi sont-ils(elles) intouchables ?

Antoine
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Sommaire
Quel est le record du monde actuel du marathon ? Les marathonien(ne)s kényan(e)s au sommet
🌠 La météorite Kelvin Kiptum : une machine à victoires
🔥⏱️ Ruth Chepngetich, première femme de l’histoire sous les 2 heures 10 à Chicago
Les autres performances XXL des athlètes kényan(e)s et éthiopien(ne)s
🏆 La légende Eliud Kipchoge, le plus grand champion sur la distance marathon
🇪🇹 Les temps canons des plus grand(e)s champion(ne)s originaires d’Ethiopie
🌎 Berlin, Boston, Londres, New York, Tokyo, Valencia : les athlètes kényan(e)s et éthiopien(ne)s dominent les plus grandes courses du monde
Pourquoi les marathonien(ne)s kényan(e)s et éthiopien(ne)s sont-ils(elles) si performant(e)s en marathon ?
🧬🦵 Des dispositions génétiques et morphologiques ?
💘 Une culture de la course à pied
💵 L’argent comme moteur
🗻 L’entraînement en altitude
👀 Comment s'entraînent les marathonien(ne)s kényan(e)s ?

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La course à pied est sans aucun doute le sport le plus universel et accessible qui soit. Pourtant, deux nations d’Afrique de l’Ouest dominent allègrement les disciplines d’endurance, en particulier la distance reine qu’est le marathon. Le Kenya, 55 millions d’habitant(e)s et l’Éthiopie, 128 millions, représentent 2 % de la population mondiale. Pourtant, ces deux pays concentrent la presque totalité des meilleur(e)s marathonien(ne)s de la planète. Les chiffres sont édifiants. Prenons les 50 meilleurs chronos de l’histoire sur marathon. 29 ont été réalisés par des Kényans, 18 par des Éthiopiens. Dans le Top 50 féminin, on retrouve 19 Kényanes et 26 Éthiopiennes ! Comment expliquer cette domination presque sans partage des marathonien(ne)s kényan(e)s et éthiopien(ne)s ? Quel est leur secret ?
Quel est le record du monde actuel du marathon ? Les marathonien(ne)s kényan(e)s au sommet
Les deux records du monde masculin et féminin ont été établis à un an d’intervalle par des coureur(se)s kényan(e)s sur le même parcours, à Chicago.
🌠 La météorite Kelvin Kiptum : une machine à victoires
Kelvin Kiptum n’aura disputé que trois marathons dans sa vie, avant de connaître un destin tragique. Assez pour laisser une empreinte indélébile sur cette distance. En l’espace de dix mois, il a couru en 2 heures 1 minute et 53 secondes (à Valencia, en décembre 2022), en 2 heures 1 minute et 25 secondes (à Londres, en avril 2023) et en 2 heures et 35 secondes (à Chicago, le 8 octobre 2023), nouveau record du monde. Le Kényan voulait devenir le premier marathonien de l’histoire à passer sous les deux heures dans une course officielle. Malheureusement, un accident de la route lui a coûté la vie le 11 février 2024, à seulement 24 ans.
🔥⏱️ Ruth Chepngetich, première femme de l’histoire sous les 2 heures 10 à Chicago
Le 24 septembre 2023, l’Éthiopienne Tigist Assefa ébranle la planète marathon en signant un chrono stratosphérique à Berlin : 2 heures 11 minutes et 53 secondes, soit 2 minutes et 11 secondes retranchées à l’ancien record du monde de Brigid Kosgei. Un an plus tard, la Kényane Ruth Chepngetich réplique sur le parcours rapide de Chicago. Elle remporte la course en 2 heures 9 minutes et 57 secondes. Une performance monumentale.

Les autres performances XXL des athlètes kényan(e)s et éthiopien(ne)s
Les exploits d'Eliud Kipchoge et de Kenenisa Bekele ont fait des petits au Kenya et en Éthiopie. D’autres grands noms de la discipline ont émergé ces dernières années sur la scène internationale.
🏆 La légende Eliud Kipchoge, le plus grand champion sur la distance marathon
Son nom est indissociable du marathon. Eliud Kipchoge, ancien recordman du monde de la distance, a été le premier homme à passer sous les deux heures dans des conditions non homologuées à l’occasion du projet Breaking 2. Il s’est imposé sur les plus grands marathons de la planète, à Tokyo, Londres, Chicago, Berlin (5 fois !), a été double champion olympique. Dans l’ombre de la légende vivante, d’autres Kényan(e)s ont signé des performances XXL. On peut citer Sabastian Sawe (2 heures 2 minutes et 5 secondes, à Valencia, en 2024), Benson Kipruto (2 heures 2 minutes et 16 secondes, à Tokyo, en 2024) ou encore Brigid Kosgei chez les femmes (2 heures 14 minutes et 4 secondes, à Chicago, en 2019).
🇪🇹 Les temps canons des plus grand(e)s champion(ne)s originaires d’Ethiopie
À l’instar d’Eliud Kipchoge, Kenenisa Bekele a d’abord brillé sur les pistes d’athlétisme (triple champion olympique sur 5 000 et 10 000 mètres) avant de performer sur marathon. En 2019, à Berlin, le petit coureur éthiopien (1,65 mètre) échoue à seulement deux secondes du record du monde de Kipchoge. Beaucoup de ses compatriotes ont brillé sur la distance reine ces dernières années, comme Sisay Lemma (2 heures 1 minute et 48 secondes, à Valencia, en 2023) ou Deresa Geleta (2 heures 2 minutes et 38 secondes, à Valencia, en 2024). Chez les femmes, Tigist Assefa est talonnée au bilan all-time par Sifan Hassan, Éthiopienne naturalisée néerlandaise (2 heures 13 minutes 44 secondes, à Chicago, en 2023 ; championne olympique à Paris, en 2024) et Amane Shankule (2 heures 14 minutes et 58 secondes, à Valencia, en 2022).
🌎 Berlin, Boston, Londres, New York, Tokyo, Valencia : les athlètes kényan(e)s et éthiopien(ne)s dominent les plus grandes courses du monde
Pour bien mesurer la domination des marathonien(ne)s kényan(e)s et éthiopien(ne)s, on peut jeter un œil aux palmarès des plus grands marathons du monde. Depuis le début du XXIe siècle, les athlètes masculins de ces deux pays ont trusté 84 % des victoires sur les World Marathon Majors (Berlin, Boston, Chicago, Londres, New York, Tokyo et Sydney) et 66 % chez les femmes. La mainmise est encore plus impressionnante sur le marathon réputé comme étant le plus rapide du monde, celui de Valencia, en Espagne : 10 éditions depuis 2015, 20 victoires kényanes ou éthiopiennes !
Pourquoi les marathonien(ne)s kényan(e)s et éthiopien(ne)s sont-ils(elles) si performant(e)s en marathon ?
On a compris que les Kényan(e)s et les Éthiopien(ne)s règnent en maître(sse)s sur la distance marathon. Quelles sont les clés de leur succès ?
🧬🦵 Des dispositions génétiques et morphologiques ?
C’est la première explication qui vient à l’esprit. Force est de constater que les coureur(se)s d’Afrique de l’Est possèdent une morphologie particulièrement adaptée à la course d’endurance : de longues et fines jambes, de petits mollets et de longs tendons (favorisant la restitution d’énergie), ainsi qu'un poids corporel faible (ce qui réduit le coût énergétique). L’économie de course, c’est précisément le gros point fort de ces athlètes, plus que la puissance de leur moteur (VO2 max). D’après une étude de Götschi et Al. publiée en 2023, certains groupes ethniques comme les Kalenjins au Kenya — dont sont issu(e)s beaucoup de coureur(se)s kényan(e)s — bénéficieraient d'une mutation génétique se traduisant par des tendons plus rigides et, in fine, une meilleure économie de course. Or, plus les distances s’allongent, plus l’économie de course pèse dans la performance finale.
💘 Une culture de la course à pied
Dans certaines régions du Kenya et d’Éthiopie, la course à pied fait partie du quotidien de la population. C’est un mode de vie, dès l’enfance. Or, il est admis que l’activité physique pratiquée pendant l’enfance et l’adolescence est un acquis important pour prétendre accéder au plus haut niveau. De plus, les jeunes veulent suivre les traces des grand(e)s champion(ne)s, ce qui produit une forte émulation. Résultat, le vivier de coureur(se)s est énorme dans ces deux pays. Or, plus un vivier est important, plus le niveau général augmente, plus on a de chance de voir émerger de futur(e)s champion(ne)s.
💵 L’argent comme moteur
La première motivation de ces athlètes est financière. Pour un(e) jeune coureur(se) d’Afrique de l’Est, le marathon est un moyen de sortir de la pauvreté. Une seule victoire sur un grand marathon international au cours d’une carrière permet de changer de vie, de s’élever socialement. Cela fait une grande différence par rapport à des populations issues de pays riches, pour qui le sport est avant tout un loisir. On comprend pourquoi autant de jeunes athlètes tentent leur chance et dédient leur vie à l'entraînement.

🗻 L’entraînement en altitude
La plupart des coureur(se)s kényan(e)s et éthiopien(ne)s vivent et s’entraînent à plus de 2 000 mètres d’altitude. La ville d’Iten, au Kenya, est située à 2 400 mètres d’altitude. Addis-Abeba, la capitale de l’Éthiopie, est située dans les hauts plateaux bordant la vallée du Grand Rift, à 2 355 mètres d’altitude. L’altitude crée un phénomène d’hypoxie. En réaction, l’organisme augmente la production d’EPO et la densité de globules rouges dans le sang, soit une capacité accrue à transporter l’oxygène. C’est un avantage déterminant dans les courses d’endurance. On comprend pourquoi autant d’étranger(ère)s viennent s’entraîner en altitude, au Kenya.
👀 Comment s'entraînent les marathonien(ne)s kényan(e)s ?
Sur le fond, il n’y a pas de séance magique, pas de plan d’entraînement miracle par rapport à ce que peut réaliser un(e) athlète européen(ne) ou nord-américain(e). La différence se fait sur la forme, comme lors des fartleks kényans. Dans aucune autre région du monde, on retrouve des groupes d’entraînement aussi importants, avec un niveau moyen aussi élevé. Cela crée une forte émulation collective. Un autre point clé concerne le mode de vie de ces athlètes. Les journées sont rythmées par les séances d’entraînement, les siestes et les repas. Les athlètes vivent dans des conditions spartiates. Il n’y a quasiment pas de distractions ou de stress extérieur. Le quotidien est dédié à l’entraînement, à la récupération et à une bonne hygiène de vie. Au fil des années, un tel dévouement finit par payer.
Comme on peut le voir, la domination des Éthiopien(ne)s et des Kényan(e)s est le fruit d’un ensemble de facteurs. L’une des clés importantes de leurs succès respectifs est la capacité qu'ont ces athlètes à se dédier corps et âme à leur pratique de la course à pied. Leur entraînement intensif, souvent débuté très jeune, leur permet de développer une vitesse et une endurance exceptionnelles, essentielles pour exceller en compétition. Chaque médaille et chaque place sur le podium est le résultat d'une préparation méticuleuse et d'une stratégie de course affûtée, où la rivalité entre athlètes les pousse à se surpasser constamment tout au long de leur carrière. Il faut aussi avoir conscience que le dopage est malheureusement monnaie courante dans ces pays. Pour certain(e)s athlètes, c’est la seule façon de se démarquer face à une telle concurrence. Cependant, on se refuse à croire que 100 % des grand(e)s champion(ne)s du marathon sont dopé(e)s. Pour aller plus loin dans ce sujet passionnant, on te conseille vivement de visionner la vidéo de Running Addict.

Antoine
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