Canicross : la course avec ton chien !

L’idée de pratiquer du canicross, autrement dit de la course avec son chien, aurait paru totalement saugrenue il y a quelques dizaines d'années. Mais à l’heure où ces derniers envahissent les foyers et les cœurs des Français(e)s, les cartes semblent totalement rebattues. Le mot d’ordre est devenu “partage” et le chien est un véritable membre de la famille. 

C’est dans ce contexte fait de poils, de truffes humides et de câlins que le canicross a trouvé le terrain fertile pour se développer. Zoom sur un sport à six pattes, idéal pour renforcer le lien avec ton chien tout en pratiquant ton activité favorite ! 

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le canicross n’est pas simplement le fait de courir avec ton chien. C’est en réalité une discipline à part entière, un sport d’équipe où chacun(e) a son propre rôle. 

Le canicross est né en Europe dans les années 1980. Il est initialement utilisé comme une méthode d'entraînement hors saison pour les chiens de traîneau. Le principe est simple : relier le chien à son maître ou sa maîtresse via une longe (que l’on appelle ligne de trait) et lui demander de courir en tirant ce(tte) dernier(e). 

En France, ce sport a été popularisé par le vétérinaire lyonnais Gilles Pernoud à la fin des années 1980. Inspiré par le ski-joëring — dans lequel le chien doit tirer son/sa maître(sse) qui est équipé(e) de skis — il a adapté cette discipline aux terrains sans neige. Cela a ainsi permis aux coureur(se)s et à leurs chiens de partager une activité physique en toute saison.

Les premières compétitions officielles de canicross ont ensuite été organisées en 1986 en France, et en 1988 en Belgique. C’est d’ailleurs dans le plat pays que s'est tenu le premier championnat européen, l'Eurocanicross, en 1998.

Les distances sont relativement courtes, entre 5 et 9 kilomètres environ et les parcours sont souvent tracés sur de grands terrains aménagés pour l’occasion, à la manière du cross-country. 

En France, la discipline est aujourd’hui encadrée par la FFSLC (Fédération Française des Sports et Loisirs Canins). 

Directement inspiré du canicross, le canitrail consiste à courir avec ton chien sur des distances plus longues, allant parfois jusqu’à 15 kilomètres. 

Le terrain est plus étendu et escarpé, demandant davantage de technique au binôme, mais nécessitant moins de vitesse.

Contrairement à la course à pied “classique” qui ne nécessite que peu de matériel, le canicross demande un solide équipement et une mise en jambe particulièrement progressive pour le binôme maître(sse) - chien.

Se lancer dans le canicross ne s’improvise pas. Humain(e) comme chien vont devoir s’équiper. 

Si tu auras naturellement besoin des classiques chaussures de running ainsi que de tes vêtements de course habituels, tu vas devoir ajouter du matériel supplémentaire. En effet, hors de question de relier ton chien directement à ton short de course ! Il va te falloir un baudrier ou une ceinture spécialement conçu(e) pour la discipline. 

Le baudrier enveloppe le bassin et descend sur les fessiers. Il est équipé de sangles pour y glisser les jambes et chaque élément peut être réglé indépendamment. C’est l’équipement privilégié par les amateur(ice)s et celui que l’on retrouve presque exclusivement sur les compétitions. En effet, son caractère enveloppant permet une traction uniforme et une bonne répartition de l’effort pour limiter les contraintes physiques provoquées par cette dernière. 

La ceinture est plus simple et souvent moins chère. Assez large à l’arrière, elle vient se placer en bas du bassin et doit être réglée de façon à ne pas remonter pendant la course. Éventuellement conseillé pour les débutant(e)s, cet équipement présente de grosses lacunes pour une pratique plus intensive.

La ceinture n’englobe en effet que le bas du bassin, à condition qu’elle ne remonte pas (ce qui, dans les faits, est assez complexe). La traction va donc s’effectuer complètement sur le bas du dos, la rendant moins efficace mais aussi plus contraignante pour l’organisme. 

Tu possèdes déjà un harnais et une laisse ? Laisse-les au placard. Le canicross nécessite un matériel spécialement conçu pour la discipline. Tu dois équiper ton ou ta partenaire d’un harnais de traction. Ce dernier est reconnaissable car il enveloppe le corps du chien et présente un point d’attache à l’arrière. Ainsi, le chien peut utiliser l’ensemble de son dos dans l’effort et non uniquement les épaules. 

Il existe plusieurs marques spécialisées : Inlandsis, i-Dog, Non Stop Dogwear etc., mais aussi plusieurs formes de harnais. Tout va dépendre de la race de ton chien, de sa taille, de son poids et de sa tendance à tracter. Rien ne doit être laissé au hasard car un harnais mal adapté peut créer des douleurs et dégoûter ton binôme, voire le blesser. 

À cela s’ajoute ce que l’on appelle la ligne de trait. Il s’agit très simplement d’une laisse élastique de deux mètres minimum  qui comporte une attache à chaque extrémité. Elle présente souvent une petite partie rigide du côté de l’attache du chien pour permettre une meilleure prise en cas de nécessité. Concrètement, le caractère élastique va amortir les chocs liés à la traction, ménageant un certain confort tout au long de la course. 

Tu le sais, quand on débute en course à pied, la clé est toujours la progressivité. C’est encore plus vrai lorsque tu associes ton chien à ta passion. 

Concrètement, tu peux commencer par trottiner et lui demander de te suivre en libre. Ce sera l’occasion de travailler le rappel, mais aussi les directions, ce qui te sera très utile pour la suite des opérations. 

Ensuite, il est temps d’enfiler l’équipement et de commencer les choses sérieuses. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il vaut mieux ne pas inciter ton chien à courir tranquillement à côté de toi avec son harnais de traction, même pour débuter ou s’échauffer. Un harnais de traction, c’est pour tracter.

Aussi, conditionne ton binôme à tirer quand il/elle en est équipé(e). Tu peux par exemple entamer un compte à rebours très enthousiaste et l’encourager quand tu sens qu’il/elle se met en traction pour ensuite le/la récompenser. 🦴

Au départ, contente-toi de quelques répétitions sur quelques dizaines de mètres. Ça te paraît peu ? C’est que tu sous-estimes l’impact d’un tel sport sur vos corps respectifs. 

En effet, le canicross te demande de courir dans une zone que l’on appelle la “sur-vitesse”. C’est une allure que tu ne pourrais pas atteindre sans l’aide de ton chien. Tu vas avoir le sentiment de voler et une certaine difficulté à suivre le mouvement, particulièrement sur les départs qui peuvent être violents.

C’est très exigeant pour tes muscles, tes tendons et tes articulations. Alors prends toi-aussi le temps de t’habituer et profite-en pour travailler ton gainage et les efforts excentriques ! 

S’agissant de ton/ta compagnon(e), le fait de tracter va fortement solliciter ses muscles du dos, des épaules, mais aussi ses cuisses, ses articulations et son système cardio-vasculaire. Il ou elle va devoir s’entraîner pour encaisser l’effort tout en s’amusant. Ce sport ne doit ainsi jamais devenir une contrainte pour ton animal. 

📈 Prendre le temps de monter progressivement en distance, c’est la garantie de consolider les acquis et de pratiquer cette discipline à long terme sans lassitude ni blessure. 

Alors prends ton mal en patience, augmente doucement la charge jusqu’à parvenir à courir quelques kilomètres au bout d’environ deux mois. 

Le canicross est souvent associé à des chiens grands, fins, aux foulées majestueuses et à la musculature saillante. Mais qu’en est-il réellement ? La course n’est-elle réservée qu’à certaines races de chiens ? Bien heureusement, la réponse est NON.

Concrètement, ton chien peut courir dès lors qu’il a des pattes. Disons au minimum trois, voire deux avec un bon appareillage. Autant dire que ça concerne une bonne majorité de spécimens. 

Ainsi, bien que certaines races soient spécifiquement adaptées à la pratique du canicross et autres sports tractés, tous les chiens peuvent pratiquer ce sport quel que soit leur gabarit. 

Bien sûr, si tu souhaites performer dans cette discipline, on t’invite à te tourner vers des races dédiées telles que le greyster (savant croisement du braque et du lévrier) ou encore l’ESD. Le husky, l’alaskan voire le malamute seront aussi des allié(e)s de choix. Ces races nordiques ont en effet de belles prédispositions pour la traction. Mais les races de bergers telles que le malinois ou le berger australien savent tirer leur épingle du jeu, tout comme les braques. 

Cependant, ce n’est pas parce-que tu n’as pas une voiture de course que tu ne peux pas conduire. C’est pareil pour le canicross. Toutes les races sont capables de courir et de tracter. Chihuahua, doberman, jack russel, berger allemand… même combat ! Le hic, c’est bien évidemment la force de traction en fonction du gabarit.

Mais tu peux aussi être confronté(e) à un chien qui n’aime tout simplement pas tracter et préfère courir à côté de toi en libre. Ton/ta compagnon(e) est doté(e) de son propre caractère : il/elle peut ne pas apprécier le canicross malgré des prédispositions physiques, ou au contraire adorer la discipline malgré une génétique désavantageuse. 

Nuançons légèrement nos propos précédents. Si sur le papier, tous les chiens peuvent pratiquer le canicross, il reste certaines exceptions et quelques mises en garde. 

En France, aucun chien ne peut participer à une compétition de canicross avant l’âge de 18 mois. Il faut même attendre 24 mois pour le canitrail. Il s’agit en effet de veiller à ce que le chien ait totalement terminé sa croissance avant de le/la soumettre à un effort aussi intense. 

Concrètement, tu peux commencer à entraîner ton binôme en traction à partir de 12 mois, à condition d’être très progressif(ve). 

⚠️ Cet âge est indicatif ! Il s’agit d’une moyenne. En réalité, tout dépend de la race de ton chien. Les grands chiens ont une croissance plus longue que les petits, ce qui te demandera un peu plus de patience avant de lui passer le harnais. 

La première chose à faire lorsque tu envisages de commencer le canicross, c’est de te rendre chez ton vétérinaire pour une consultation dédiée. Il/elle en profitera pour faire un check complet et potentiellement des analyses complémentaires pour vérifier que ton/ta partenaire est en pleine forme. 

Évidemment, ce(tte) dernier(e) peut estimer qu’il y a des contre-indications importantes et que la pratique du canicross peut nuire à la santé de ton animal. On pense notamment à l’arthrose, aux problèmes cardio-respiratoires, à l’âge etc. 

De plus, si la chaleur est très gênante pour les coureur(se)s, elle peut être fatale pour ton chien. Ce(tte) dernier(e) n’a en effet pas la même faculté que toi à réguler sa température corporelle. Il est donc totalement proscrit de sortir courir avec son chien lors des fortes chaleurs.

Privilégie les sorties sous des températures douces voire fraîches. Dans tous les cas, pense à emporter de l’eau pour qu’il/elle puisse se désaltérer après l’effort, par petites gorgées. 

Enfin, n’hésite pas à te renseigner. Taille du harnais, réglages, conseils pratiques… il existe de nombreuses communautés dédiées sur les réseaux sociaux. Tu peux aussi te rapprocher d’un club FFSLC pour pratiquer en groupe et bénéficier d’un accompagnement par des expert(e)s de la discipline. 

Un chien brachycéphale, c’est un chien qui a le museau écrasé. On pense au boxer, au bouledogue, au shi-tzu ou encore au cavalier king charles. Cette particularité anatomique rend la respiration plus difficile. C’est notamment pour cette raison que beaucoup de spécimens de ces races ronflent. 

De manière générale, on déconseille de pratiquer une activité physique trop intense ou prolongée avec un chien présentant une telle anatomie, pour éviter tout risque de détresse cardio-respiratoire. 

En définitive, le canicross est un sport qui permet une connexion particulièrement forte entre maître(sse) et chien. Au-delà de la ligne de trait, c’est un vrai lien qui unit le binôme dans l’effort, renforçant la complicité. Bien sûr, il faut que la discipline vous plaise à tout(e)s les deux ! N’oublie pas que cela doit rester un loisir, pour toi mais aussi pour ton/ta partenaire. 

Enfin, sache que si ce sport n’est pas pour vous, il y a bien d’autres disciplines que tu peux pratiquer avec ton/ta compagnon(e) à quatre pattes ! 🐾