Quelle est la course sur route la plus longue du monde ?

Tu es passionné(e) de course à pied, d’ultra-trail, de sports extrêmes et de records insolites ? Tu t’es sûrement déjà demandé jusqu’où un(e) coureur(se) peut aller, sans quitter le bitume et dans un cadre officiel. Derrière cette question se cache une histoire fascinante de dépassement de soi, où endurance physique et résistance mentale s’entrelacent. Découvrons ensemble la course la plus longue du monde sur route et ce qu’elle dit des limites humaines.

Lorsqu’on parle de courses certifiées, organisées sur route et reconnues officiellement, l’épreuve qui détient le record absolu est la Self-Transcendence 3100 Mile Race. Cet ultra-marathon unique au monde a lieu chaque été dans le quartier du Queens, à New York, et repousse les frontières de ce que l’on peut concevoir en termes d’endurance.

L’épreuve a été fondée en 1997 par le Sri Chinmoy Marathon Team, un collectif créé par Sri Chinmoy (1931-2007), maître spirituel indien installé à New York. Convaincu que le sport permettait de développer à la fois le corps et l’esprit, il voyait dans cette course une manière de pousser les coureur(se)s à explorer leurs limites intérieures autant que physiques.

La Self-Transcendence s’étend sur 3100 miles, soit environ 4989 kilomètres. Le parcours surprend par sa simplicité, puisqu’il consiste à réaliser 5649 boucles autour d’un bloc de rue mesurant 883 mètres. Les coureur(se)s disposent de 52 jours pour achever l’épreuve, avec des horaires imposés de 6 heures du matin à minuit. Cela représente en moyenne 96 kilomètres à parcourir chaque jour, ce qui en fait l’un des défis les plus extrêmes de la planète course à pied.

L’épreuve a vu tomber des records impressionnants. Chez les hommes, le Finlandais Ashprihanal Pekka Aalto détient le meilleur temps avec une victoire en 40 jours, 9 heures et 6 minutes. Du côté des femmes, la Taïwanaise Tsai Wen-ya a établi en 2023 un record de 45 jours, 12 heures et 28 minutes. Derrière ces chiffres se cachent des années de préparation et une discipline quotidienne hors du commun.

En théorie, la course est ouverte, mais en pratique elle reste réservée à des coureur(se)s très expérimenté(e)s. L’organisation exige des antécédents solides en ultra-marathon ou en épreuves multijours. Participer à la Self-Transcendence signifie s’engager dans une aventure où la logistique, la nutrition, la gestion du sommeil et la résistance mentale comptent tout autant que l’allure de course. Les participant(e)s doivent être capables d’endurer la répétition, la fatigue, les aléas météo et l’usure physique jour après jour.

La question du record de durée de course se pose naturellement. Certaines tentatives hors cadre officiel existent : Dean Karnazes affirme avoir couru 350 miles (environ 560 kilomètres) non-stop (80 heures et 44 minutes) en 2005, même si ce record n’est pas homologué par Guinness. 

Mais si l’on reste dans le domaine des compétitions reconnues, la Self-Transcendence 3100 miles demeure la référence mondiale. Elle combine distance certifiée, durée limitée et homologation, ce qui en fait un point de comparaison universel.

Courir sur de si longues distances expose à de nombreux risques. Les articulations, les tendons et les os sont sollicités de manière extrême, augmentant les chances de blessures voire de problématiques chroniques. Le corps peut également subir également un stress oxydatif important, une perte progressive de masse musculaire et un affaiblissement immunitaire si tu n'es pas préparé(e) et/ou mal entraîné(e).

À cela s’ajoute la fatigue psychologique, le manque de sommeil et la solitude, qui testent la résistance mentale autant que la condition physique. Ces limites expliquent pourquoi si peu de personnes osent s’aventurer dans de telles épreuves. 

Les courses de semi-autonomie, où les coureur(se)s doivent gérer eux/elles-mêmes une partie de leur alimentation et de leur matériel, se développent de plus en plus. Les progrès technologiques, avec le suivi biométrique et les données de récupération, ouvrent aussi de nouvelles perspectives pour repousser les limites en toute sécurité. Enfin, on observe un intérêt croissant pour la recherche scientifique autour de l’endurance extrême, ce qui permettra sans doute d’accompagner les futur(e)s coureur(se)s dans leurs défis hors norme.

La difficulté d’une course ne se mesure pas uniquement en kilomètres. L’altitude, le climat, le dénivelé et les conditions d’organisation jouent aussi un rôle central. Nous avons sélectionné dix épreuves parmi les plus redoutées au monde, sur route et au-delà, qui conjuguent endurance, engagement mental et extrême exigence (les parcours et le kilométrage peuvent varier légèrement d’une année sur l'autre). 

Ces épreuves te font rêver ? Avant même d’envisager l’une de ces courses hors norme, il est essentiel de prendre du recul. Chaque épreuve est conçue pour pousser le(la) coureur(se) à ses limites, et c’est ce qui fait leur réputation. Se lancer dans un ultra de plusieurs centaines de kilomètres exige des années de préparation progressive, de la patience et un accompagnement adapté.

La première étape consiste à bâtir une base solide d’endurance. Cela passe par l’accumulation de kilomètres, mais aussi par la variété : alterner sorties longues, travail de dénivelé, fractionné et séances de renforcement. Ce socle te permettra d’encaisser la fatigue et de prévenir les blessures.

L’alimentation et l’hydratation sont des piliers tout aussi cruciaux. Apprendre à s’alimenter en courant, tester différents apports énergétiques, trouver ce qui convient à ton organisme : autant d’éléments à travailler bien avant le jour J. La gestion des électrolytes, du sommeil et du mental est également une composante centrale.

Enfin, il est recommandé de commencer par des formats plus accessibles avant de viser ces monuments. Un 50 kilomètres, puis un 100 kilomètres, un 100 miles, permettront de comprendre comment ton corps réagit à l’effort prolongé. Chaque étape est une expérience précieuse qui prépare à la suivante.

La Self-Transcendence 3100 miles reste la course sur route la plus longue et la plus exigeante jamais organisée. Elle symbolise ce mélange fascinant d’effort, de mental et de performance extrême, qui fait que terminer la course devient un exploit en soi. Qu’il s’agisse de routes new-yorkaises ou de sentiers alpins, les ultra-marathons nous rappellent que la course à pied demeure une exploration des limites de l’endurance humaine.