Blog / La nutrition du coureur
Zoom sur l'entraînement à glycogène bas

Mélanie
Publié le , mis à jour le
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23 min de lecture
Sommaire
Qu’est-ce que le glycogène ?
🐣 Comment se forme le glycogène ?
🧐 Où est-ce que le glycogène est stocké dans l’organisme ?
🥵 Comment le glycogène est-il dégradé et utilisé pendant l’effort ?
Qu’est-ce que l’entraînement à glycogène bas ?
🔁 Le principe physiologique et les objectifs recherchés
🙏 Les bénéfices potentiels et les limites
🏃♀️ Les stratégies possibles : « sleep low », doubles séances, entraînement à jeun, etc.
Quelle alimentation pour soutenir ce type d’entraînement ?
📆 Une journée type avec un entraînement bi-quotidien
MATIN
MIDI
APRÈS-MIDI
SOIR

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Tu as sans doute déjà entendu parler de l’expression “s’entraîner à glycogène bas”, une stratégie souvent évoquée dans le monde du sport d’endurance et de la nutrition sportive, mais rarement bien comprise. Derrière cette notion se cachent des mécanismes fascinants : ceux de ton organisme lorsqu’il apprend à fonctionner avec moins de glucides disponibles.
Mais avant de vouloir t’entraîner “à vide” ou “à jeun”, encore faut-il comprendre ce qu’est le glycogène, cette réserve d’énergie essentielle au mouvement, à la performance… et même à ton équilibre métabolique.
Dans cet article, je te propose de plonger dans la biologie du glycogène : où il se stocke, comment il se forme et comment ton corps l’utilise, avant de voir comment et pourquoi on peut moduler ces réserves dans un cadre d’entraînement réfléchi et progressif.
L’objectif n’est pas de chercher la performance à tout prix, mais de t’aider à mieux comprendre ton corps, tes sensations et les besoins réels de ton organisme pour faire de la nutrition ton alliée, et non une contrainte.
⚠️ Attention : pour un entraînement à glycogène bas, nous te recommandons de te rapprocher d’un.e coach sportif.ve et d’un.e diététicien.ne (tou.te.s deux formé.e.s à cette méthode).

Qu’est-ce que le glycogène ?
Avant de parler d’entraînement à glycogène bas, il faut d’abord comprendre ce qu’est le glycogène. Souvent cité dans les discussions sur la performance ou la nutrition du sportif, ce mot cache en réalité un mécanisme fondamental du métabolisme énergétique : la façon dont ton corps stocke et libère l’énergie issue des glucides.
Quand tu manges des aliments contenant des glucides (comme les pâtes, le riz, les fruits ou le pain), ton organisme transforme une partie de ce glucose en glycogène. Cette forme de réserve énergétique est précieuse, car elle permet à ton corps d’avoir un carburant disponible à tout moment — que ce soit pour courir, réfléchir, ou simplement maintenir ta glycémie stable entre les repas.
Mais où ce glycogène est-il stocké ? Et pourquoi joue-t-il un rôle aussi central dans la performance sportive ?
💡 Petit point lexique (très simple !) pour la bonne compréhension de cet article :
→ Glucides : ce sont les nutriments (sources d’énergie) que tu retrouves dans les féculents, les fruits, les produits sucrés ou les légumineuses. Une fois digérés, ils fournissent du glucose, principal carburant des cellules, notamment celles du cerveau et des muscles.
→ Glucose : c’est une forme simple de sucre circulant dans ton sang. Il sert immédiatement de source d’énergie pour tes muscles et ton cerveau.
→ Glycogène : c’est la forme de stockage du glucose dans ton organisme. Il agit comme une réserve d’énergie, stockée principalement dans le foie et les muscles. Cette réserve est mobilisée lorsque les besoins en énergie augmentent (entre les repas, pendant un effort, ou lors d’un jeûne).
🐣 Comment se forme le glycogène ?
Après un repas contenant des glucides (comme des pâtes, du riz ou des fruits) ton système digestif décompose ces aliments en glucose, qui passe ensuite dans le sang. Sous l’action de l’insuline, une hormone sécrétée par le pancréas, ce glucose entre dans les cellules du foie et des muscles, où il est transformé en glycogène.
💡 Ce processus s’appelle la glycogénogenèse : c’est la façon dont ton corps stocke le glucose pour plus tard, un peu comme une batterie qu’il recharge après avoir été utilisée.
🧐 Où est-ce que le glycogène est stocké dans l’organisme ?
Le foie stocke le glycogène pour maintenir ta glycémie stable entre les repas, tandis que les muscles le conservent pour alimenter directement ton organisme à l’effort (monter des escaliers, marcher, porter un sac de courses, mais aussi tes séances de course à pied).
Ces réserves sont limitées mais elles représentent une source d’énergie rapide et précieuse lors de l’exercice physique.
🥵 Comment le glycogène est-il dégradé et utilisé pendant l’effort ?
Pendant l’effort, ton corps a besoin d’énergie rapidement disponible pour faire fonctionner tes muscles. C’est là que le glycogène entre en jeu : il représente ta principale réserve de carburant. Stocké dans les muscles et le foie, il est dégradé en glucose dès que l’intensité de l’effort augmente. Ce glucose est ensuite utilisé par les cellules musculaires pour produire l’énergie nécessaire à la contraction musculaire et donc à l’effort demandé.
Lors d’un effort soutenu (une côte, une accélération, une séance de fractionné), ton organisme privilégie cette voie, car elle est rapide et efficace. Sans glycogène disponible, impossible de maintenir la même intensité : la fatigue s’installe, le rythme chute, et le corps doit puiser davantage dans les graisses, une source d’énergie intéressante mais plus lente.
C’est pourquoi le glycogène est essentiel à la performance : il te permet de tenir la cadence, d’être plus régulier.ère, et d’éviter cette sensation de “mur” quand les réserves s’épuisent.
Mieux tu comprends comment ton corps l’utilise, mieux tu peux adapter ton entraînement et ton alimentation pour performer… tout en préservant ton plaisir de courir.
Qu’est-ce que l’entraînement à glycogène bas ?
S’entraîner à glycogène bas, c’est réaliser volontairement certaines séances avec des réserves de glucides réduites. L’idée n’est pas de se “vider” totalement ni de chercher la privation, mais de stimuler d’autres voies énergétiques de ton organisme, afin qu’il devienne plus économe et plus efficace dans l’utilisation de ses carburants.
🔁 Le principe physiologique et les objectifs recherchés
Lorsqu’il dispose de peu de glycogène, ton corps s’adapte : il apprend à mieux utiliser les graisses comme source d’énergie. Ces adaptations métaboliques améliorent la capacité à épargner le glycogène, ce qui est particulièrement intéressant pour les efforts d’endurance longue durée (comme un marathon ou un ultra-trail).
En travaillant ponctuellement avec des réserves basses (= l'entraînement à glycogène bas), l’organisme :
utilise mieux les graisses comme énergie, ce qui te permet de tenir plus longtemps sans ressentir de coup de fatigue,
renforce ses petites “centrales énergétiques” (appelées mitochondries) dans les muscles, ce qui se traduit par moins de fatigue et plus de régularité dans ton rythme,
devient plus flexible dans ses sources d’énergie, capable de passer du glucose aux graisses selon l’intensité de l’effort, ce qui t’aide à maintenir ta performance même quand tes réserves de glycogène diminuent.
👉 En résumé : moins de glycogène → plus de capacité à puiser dans les graisses → meilleure endurance.
🙏 Les bénéfices potentiels et les limites
Cette approche peut t’aider à repousser la fatigue, à stabiliser ton énergie sur les longues distances, et à mieux gérer les variations d’intensité. Elle permet aussi de développer une autonomie énergétique intéressante pour les (longues !) compétitions d’endurance.
⚠️ Attention : l’entraînement à glycogène bas n’est pas adapté à toutes les séances ni à tous les profils.
Répété trop souvent, il peut augmenter le risque de blessure, de fatigue nerveuse ou de perte musculaire.
Il peut aussi compromettre la qualité des séances intenses, car sans carburant, la performance diminue.
La clé, comme souvent, c’est la progressivité : ce type de travail doit s’intégrer dans une planification globale, pensée en fonction de ton niveau, de ta tolérance et de ta récupération.
Et surtout, il est important d’avoir en tête que, non, l'entraînement à glycogène bas n’est pas un passage obligatoire dans une prépa ! D’ailleurs, on aura plutôt tendance à le proposer aux coureur.se.s suffisamment expérimenté.e.s.

🏃♀️ Les stratégies possibles : « sleep low », doubles séances, entraînement à jeun, etc.
Il existe plusieurs manières d’appliquer le principe du glycogène bas, selon ton rythme d’entraînement et tes objectifs.
L’entraînement à jeun : une séance matinale, légère à modérée, réalisée avant le petit-déjeuner. Elle permet de mobiliser davantage les graisses, mais ne doit pas dépasser 60 à 90 minutes. Tu emporteras toujours avec toi une petite collation sucrée (gel ou pâte de fruit par exemple) à consommer si jamais tu ne te sens pas bien. À jeun, c’est plutôt le glycogène du foie qui diminue.
La stratégie “sleep low” : après une séance intense en fin de journée (qui vide le glycogène), on limite volontairement les glucides au dîner, puis on s’entraîne le lendemain matin, à jeun, sur des réserves basses.
Les doubles séances (ou entraînement bi-quotidien) : on enchaîne deux entraînements sur une même journée, sans recharge complète entre les deux (exemple : un repas à base de protéines et légumes), pour reproduire un effort prolongé et stimuler l’adaptation. Ici, ce sera plutôt le glycogène musculaire qui aura diminué.
Ces différentes stratégies peuvent être utilisées les unes après les autres, on recommandera de ne pas dépasser un entraînement à glycogène bas par semaine et pas d’entrainement à glycogène pas dans les 2 semaines avant la course afin d’éviter d’accumuler de la fatigue.
Ces stratégies doivent toujours être encadrées et adaptées : elles ne remplacent pas une alimentation équilibrée, et ne visent pas la privation mais l’optimisation du métabolisme énergétique.
Quelle alimentation pour soutenir ce type d’entraînement ?
L’entraînement à glycogène bas nécessite quelques ajustements stratégiques autour des repas et des séances, mais pas de privation globale.
👉 Le principe : ne pas réduire l’apport glucidique journalier, mais le répartir différemment, en modulant l’apport autour de la séance pour stimuler l’adaptation sans compromettre la récupération. On parle de périodisation des glucides.
Autour de la séance ciblée glycogène bas : on limite volontairement les glucides avant ou pendant l’effort, pour obliger le corps à mobiliser les graisses.
Après la séance : la recharge glucidique est primordiale. Elle permet de reconstituer les réserves de glycogène musculaire et hépatique, de favoriser la récupération et de préparer la prochaine séance.
Hydratation : elle reste essentielle. Même avec moins de glucides, tes muscles ont besoin d’eau pour fonctionner efficacement et récupérer correctement.
Repos et récupération : ces séances sont plus fatigantes, car ton organisme travaille dans des conditions “stressantes”. Il est donc crucial de planifier un sommeil suffisant et des périodes de repos entre les séances.
📆 Une journée type avec un entraînement bi-quotidien
Voici un exemple concret pour un.e coureur.se effectuant une séance le matin et une autre l’après-midi, avec stratégie glycogène bas (entrainement bi-quotidien) :
MATIN
| Horaire | Nutrition | Entraînement | Conseils pratiques |
|---|---|---|---|
7 heures | Petit-déjeuner habituel → Exemple : yaourt grec + flocons d’avoine + miel et une banane | / | / |
10 heures | / | Entraînement d’une heure maximum, un fractionné long par exemple. Tu as des réserves d’énergie donc tu peux réaliser une séance avec de l’intensité. | ⚠️ Aucun apport glucidique pendant cette séance : de l’eau uniquement Principe de précaution : toujours avoir une collation glucidique à portée de main en cas de coup de moins bien ! |
MIDI
| Horaire | Nutrition | Entraînement | Conseils pratiques |
|---|---|---|---|
Vers 12 heures | Repas faibles en glucides. → Exemple : 3 œufs au plat et une portion de haricots verts ail et persil et une bonne hydratation bien évidemment. | / | / |
APRÈS-MIDI
| Horaire | Nutrition | Entraînement | Conseils pratiques |
|---|---|---|---|
Vers 16 heures | / | Deuxième entraînement sportif de la journée, cette fois-ci courut en endurance fondamentale. Tes réserves d’énergies sont plus faibles à ce moment-là donc l’intensité est limitée sur cet entraînement. | ⚠️ Aucun apport glucidique pendant cette séance : de l’eau uniquement. Principe de précaution : toujours avoir une collation glucidique à portée de main en cas de coup de moins bien ! |
Vers 17 heures | Collation post-effort pour optimiser la récupération. Cette collation contribuera à démarrer la recharge glucidique. L’objectif n’est pas de diminuer l’apport global en glucides de la journée mais simplement de répartir différemment l’apport. → Exemple : 1 part de flan pâtissier (des oeufs, du lait et du sucre, combo parfait en récup !) et un verre de lait chocolaté | / | / |
SOIR
| Horaire | Nutrition | Entraînement | Conseils pratiques |
|---|---|---|---|
Vers 20 heures | Dîner classique et complet. → Exemple : pâtes complète et sauce tomate, pavé de saumon, poivrons grillés, fromage blanc et miel, poire. | / | Bien évidemment, l’hydratation est indispensable. |
L’entraînement à glycogène bas n’est pas une question de privation, mais une stratégie pour apprendre à ton corps à mieux gérer ses réserves d’énergie sur les efforts de longue durée.
Comprendre le rôle du glycogène, où il est stocké et comment il est utilisé, te permet de planifier tes séances et ton alimentation de manière efficace, sans sacrifier la récupération ni le plaisir de courir.
En pratiquant ces séances de façon progressive, en adaptant ton apport en glucides autour des entraînements et en respectant ton repos, tu peux :
stimuler ton métabolisme énergétique,
améliorer ta capacité à utiliser les graisses comme carburant,
maintenir une performance stable sur la durée.
Les secrets restent la progressivité, l’écoute de tes sensations et la planification réfléchie. L’entraînement à glycogène bas devient alors un outil puissant pour ton endurance et ta performance.

Mélanie
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